Martin Parr, oeuvres de 1971 à 2001, et Atelier David Adamson, rétrospective : 2 expositions majeures à la Maison Européenne de la Photographie

Publié le par LA PLUPart DU TEMPS

A 18h, conférence de presse suivie d'un cocktail dînatoire et de la visite de l'exposition de Martin Parr à la Maison Européenne de la Photographie, 5 et 7 rue de Fourcy, Paris 4ème. Entrée sur invitation ce soir, entrée payante les autres jours (6 ou 3 euros). Ne pas oublier le bon plan du mercredi que nous vous annoncions il y a déjà longtemps pour entrer gratuitement à la MEP. Cette exposition majeure, regroupant ses Oeuvres de 1971 à 2001, est présentée jusqu'au 18 septembre 2005.

Présentation de l'exposition par Val Williams, le commissaire de l'exposition:

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Cela fait 35 ans que Martin Parr photographie des scènes ordinaires: l'assemblée des fidèles - de moins en moins nombreux - d'une église non conformiste du Yorkshire, des confitures maison lors d'une fête de village, le centre commercial de la ville d'Eccles, des adeptes de danse folklorique, une journée de distribution des prix dans une école, des gymkhanas, des salons, des tables de salle à manger, des courges primées dans un concours agricole et des plateaux à thé. Sa quête de l'ordinaire l'a conduit à Las Vegas, Athènes, Tokyo, en Gambie, à Ilford (Oregon) et à Milton Keynes. Martin Parr a le don de nous prendre au dépourvu, que nous soyons en train de manger, de montrer quelque chose du doigt, de nous embrasser ou de fixer quelqu'un du regard. Il pressent la vulnérabilité inhérente à chacun de nous, la grandeur de nos plus petites décisions, qu'il s'agisse de choisir ce que nous allons acheter, de décider comment nous allons nous vêtir, nous comporter. Il nous raconte les derniers instants d'un arbre à tasses et d'un rideau en satin orné d'un ruché, les collisions constantes entre nos aspirations et notre réalité. Martin Parr est peut-être le Max Wall de la photographie, un comédien exécutant un numéro de music-hall tapageur nuancé par un vague sentiment de perte. Il a dit un jour: "Les gens s'adonnent à la photographie parce qu'ils s'identifient avec les sujets qu'ils photographient. Ils peuvent dire: "Ça, c'est une partie de moi".

Martin Parr naît à Epsom, dans le Surrey, en 1952. Ses parents sont ornithologues et membres actifs du Club d'ornithologie de leur comté. Peu porté sur les études, Martin Parr s'intéresse tôt au théâtre (il aime jouer et écrire des pièces), au trainspotting (l'observation des trains) et à la philatélie. Son goût pour la photographie s'éveille pendant sa scolarité: il participe à l'élaboration d'articles illustrés de photos publiés dans le journal de son école. Mais ce sont surtout les expositions des photographes Bill Brandt et Henri Cartier-Bresson, organisées à Londres à la fin des années 1960, qui stimulent sa passion. Sans oublier l'influence de son grand-père, George Parr, un amateur très doué, spécialisé dans les tirages au bromoil. Les vacances passées chez ses grands-parents dans l'ouest du Yorkshire aiguisent son intérêt pour le nord de l'Angleterre et les bords de mer. L'entrée de Martin Parr, en 1971, à la Manchester Polytechnic, section photo, coïncide avec la renaissance de la photographie, enfin considérée en Grande-Bretagne comme un art majeur - cette époque voit l'apparition de galeries de photo, la multiplication de projets éditoriaux et le sponsoring en faveur des photographes."


Photographie de Martin Parr. Copyright Magnum Photos. Courtesy Maison Européenne de la Photographie (Paris).

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Dans le même temps à la MEP et jusqu'au 18 septembre également, nous vous rappelons la présentation de l'exposition Atelier David Adamson, réunissant François-Marie Banier, Jim Dine, Chuck Close, Adam Fuss, Jenny Holzer, Robert Longo, Jack Pierson, Robert Rauschenberg, Victor Schrager, Donald Sultan et William Wegman.

Ces extraits du Journal de David Adamson, Atelier Adamson, présentent l'exposition:

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Depuis l'enfance, je suis subjugué par la beauté de l'image imprimée. A l'âge de 10 ans, je me suis fabriqué une presse sur le modèle original de celle de Gutenberg, avec l'encre, les rouleaux, et la première page de la Bible. Je suis manifestement attiré depuis toujours par la technique et l'envie de produire les meilleures impressions possibles. […]

1978, année où Apple a sorti son premier ordinateur, a été un moment déterminant de ma recherche. J'ai emmené ma femme, Laurie, le voir, et me suis débattu avec une manette pour simplement dessiner un personnage rudimentaire. Complètement séduit, je me suis laissé captiver par ce nouveau monde, l'informatique.

J'étais lithographe, et j'ai compris qu'il serait de plus en plus difficile de poursuivre ces deux approches différentes de l'impression. En 1993, j'ai acquis ma première imprimante Iris 3047, et très vite saisi que l'impression numérique, si précise et en perpétuelle mutation, me conviendrait parfaitement. Bientôt, mon atelier de lithographie est devenu un atelier de numérique.

En 1995, j'ai rencontré Chuck Close et lui ai montré les impressions qu'avait données mon imprimante. Très réceptif, Chuck a donné son accord pour que je fasse des essais. Ensemble, nous avons décidé de produire une série d'images à partir de ses grands tirages Polaroid. Cette idée allait lui permettre de créer des éditions à partir d'un seul Polaroid. Mon atelier a commencé, là, à devenir un point de repère pour les plasticiens et les photographes curieux de cette nouvelle technologie. […]

J'ai fait la connaissance de Jim Dine, qui est venu voir mon atelier à Washington, DC. Jim Dine ramasse dans l'atelier tous les objets qui l'attirent. Rien n'est sacré, rien n'est trivial pour lui: flacons de produit ménager, craie, peinture, os, tissu, détritus de la vie, tout, grâce à son imaginaire foisonnant, lui sert à créer de l'art. Une nuit, il m'a appelé pour me demander si j'avais un lit en trop et si je pouvais l'apporter à l'atelier. Je me suis dit qu'il souhaitait travailler tard le soir et dormir sur place. Jim n'aime pas qu'on le materne trop; il faut lui montrer le minimum d'attentions ; de toute façon, quand il est perdu, il demande de l'aide. J'ai donc apporté un matelas. Une heure plus tard, j'entends sonner l'alarme de l'atelier, et je sens une odeur forte et âcre de brûlé. Je me précipite dans la "pièce de Jim", et je trouve mon matelas découpé, avec des bougies allumées fichées dedans, des poèmes gribouillés sur mes oreillers et mes draps; le tout était transformé en un autel, qui avait pris feu. […]

Nous avons numérisé les chrysalides vivantes de papillons que nous a apportées Adam Fuss; comme la chaleur du scanner les réveillait, il nous fallait courir sans arrêt les mettre au congélateur pour éviter qu'elles éclosent. Une autre fois nous avons assisté avec angoisse à la séance où le même Adam a cassé des œufs qu'il a répandus sur la surface de notre scanner à 60000 dollars.

Depuis ces expériences, j'ai travaillé avec plusieurs des artistes les plus inventifs du monde. Ils commencent souvent avec un négatif, une diapositive, un tirage, ou un objet. On le numérise, soit avec notre appareil à haute résolution, soit avec notre scanner Scitex. Corrigées, nettoyées, transformées, leurs images sont ensuite imprimées à partir d'un petit format sur des supports divers. Les auteurs proposent des modifications et, dès que les corrections sont au point, nous commençons à produire les tirages. Ce processus peut demander des jours, des semaines, ou des mois, cela dépend de l'artiste.


Aujourd'hui, on utilise les 2 modèles d'imprimante Epson 9600, la Mimaki JV4-160, qui est une grande imprimante à jet d'encre, et l'Ixia, la version la plus récente de l'Iris, avec laquelle tout a commencé. En raison de la réputation de l'atelier, on nous demande souvent de faire les cobayes et de tester cette technologie émergente. Les œuvres les plus récentes, que montre l'exposition de la Maison Européenne de la Photographie, représentent la pointe de l'impression numérique.

Pour nous tous, à l'atelier, intervenir dans le processus de création, du début à la fin, c'est précieux. Ça a été et c'est toujours une aventure formidable."


Photographie de William Wegman. Copyright William Wegman. Courtesy Maison Européenne de la Photographie (Paris).

Publié dans EXPOS PHOTO

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