Kirsti Guérisseuse : installation vidéo-photo de Veli Granö au Centre Culturel Finlandais

Publié le par LA PLUPart DU TEMPS

Ce soir à 19h, vernissage de l'installation vidéo-photo de Veli Granö au Centre Culturel Finlandais, 60 rue des Ecoles, Paris 5, entrée 3 euros 50. L’exposition est présentée jusqu’au 23 avril, du mardi au samedi de 12 h à 18 h, le mardi jusqu’à 20 h. Fermeture exceptionnelle du 25 au 28 mars.

Communiqué :

"L’installation Kirsti - guérisseuse (2002) fait partie d’une série d’oeuvres de Veli Granö qui utilisent conjointement la vidéo et la photographie. Ces œuvres explorent les capacités de l’homme à aller au-delà de l’expérience commune et illustrent sa volonté de connaître des réalités spirituelles différentes. L’oeuvre est basée sur des matériaux documentaires. Le personnage principal, Kirsti, une guérisseuse, soigne les maux du corps et de l’âme grâce à la magie. La réalité exposée dans cette œuvre n’est pas objective et concrète, mais renvoie à l’expérience intérieure de l’homme."



Les films :

Meet you in Finland angel (Tähteläiset)

Documentaire de Veli Granö avec Anne Pajuluoma, Jarmo Ylänen, Wilhelmina Fröberg, Kai Sjögren (2003 – 35 min – 35 mm – couleur – VO sous-titrée en anglais)

"L’écrivaine Anne Pajuluoma et l’artiste Jarmo Ylänen ne mènent pas une vie tout à fait ordinaire. Leur quotidien, humble et austère, est cerné par un monde de miracles. C’est sur la planète Sirius que vit et grandit leur fille qu’ils ont perdue et qui leur manque douloureusement. Des visiteurs inattendus, venant des étoiles lointaines, protègent leur vie de tous les jours… Les « hommes des étoiles » (tähteläiset) sont convaincus qu’ils sont originaires d’une autre planète. L’un de leurs parents pourrait être venu de l’espace. D’autres sont eux-mêmes les habitants d’une lointaine planète ayant élu domicile sur la Terre. Tous les hommes des étoiles ne sont pas au courant de leur véritable nature, mais on estime qu’il y en a des dizaines de milliers parmi nous."

A strange message from another star (Ihmeellinen viesti toiselta tähdeltä)

(1998 – 30 min – 35 mm – couleur – VO sous-titrée en anglais)

"Les abîmes dans lesquelles l’humanité peut sombrer, les horreurs de la guerre, et tout particulièrement le potentiel destructeur de la bombe atomique, ont conduit Paavo Rahkonen, Finlandais émigré aux États-Unis, à la ferme résolution de quitter cette planète hostile pour la tranquillité d’un autre monde. Passionné par cette idée, il conçoit des fusées et développe un carburant artisanal particulièrement performant. Celui-ci attire l’attention de la NASA, qui utilise ses recherches pour créer le combustible qui propulsera les fusées en orbite..."

Veli Granö par Helena Sederholm :

"Veli Granö est fondamentalement curieux. Il tente depuis des années de cerner les motivations de ceux qui veulent créer leur propre monde. Granö a photographié des artistes naïfs, sculpteurs et bricoleurs qui tiennent autant à travailler de leurs mins dans leur arrière-cour qu’à laisser leur marque, même minime, dans leur environnement (Onnela, 1986 ; ITE – Itse tehty elämä, 2000). Il a aussi photographié des collectionneurs noyés sous des accumulations d’objets (Esineiden valtakunta, 1997) et filmé un homme qui rêvait d’une vie meilleure à des années-lumière de la Terre (Ihmeellinen viesti toiselta tähdeltä, 1998). Son dernier projet d’installation et de film (Tähteläinen, 2000) s’intéresse de nouveau, avec beaucoup de respect, aux souhaits les plus étranges, et plus particulièrement à une femme qui rêve de se rendre sur Sirius.

Les photos de Granö peuvent paraître documentaires, du moins tant que le spectateur ne s’interroge pas sur ce qu’elles représentent. Granö, en réalité, utilise les produits spontanés de l’esprit créatif d’autres gens pour composer de séduisantes natures mortes.

Ces photos posent aussi une question : à quoi reconnaît-on un « véritable » artiste ? Il n’y a pas si longtemps, les artistes naïfs sculptaient des ours à la tronçonneuse dans de vieilles souches - aujourd’hui ils construisent des maquettes. Dans ces dernières, comme dans les œuvres de Granö, ce sont les détails qui comptent le plus. Les photos évoquent les mondes imaginaires auxquels on peut accéder en se plongeant dans les détails. Artistes naïfs, collectionneurs et modélistes se moquent des problèmes du monde de l’art. Tout comme Granö qui, dans son œuvre, brouille depuis les années 1980 la frontière artificielle entre art sérieux et art naïf. Il n’en reste pas moins un professionnel qui fait de l’art à l’intention des autres, de son public, malgré son rôle de collectionneur de collectionneurs.

Granö met en vedette l’histoire et la réalité de gens soucieux de laisser une trace d’eux dans le monde et de donner un sens à leur vie en créant des « royaumes d’objets ». Il montre leur quotidien d’une manière qui respire à la fois l’intimité et l’étrangeté. Mais enregistrer minutieusement les pensées et les souvenirs des autres est impossible. Nous ne pouvons que les ressentir ou nous en étonner, rien de plus.

Les installations de Granö parlent d’un monde fracassé dont artistes naïfs, collectionneurs et modélistes tentent de recoller les morceaux. L’accent est cependant toujours mis sur la lumière, utilisée à titre de matériau ou d’image dans des sérigraphies, vidéos, photos et films. La lumière apporte la civilisation à l’obscurité, mais nous rend en même temps visibles. Le scintillement bleuté d’émissions de télévision aléatoires entoure les installations, et la lumière civilisée redevient imaginaire et primitive.

Les gens, sur les photos de Granö, sont souvent distraitement et involontairement muets. Plongés dans leurs pensées ou absorbés par leurs activités, ils ne se tiennent pas sur leurs gardes. Et même s’ils posent pour le photographe, ils semblent en quelque sorte s’offrir.

En tant que spectateurs, nous nous imaginons pouvoir trouver dans ces images de nouvelles informations sur la réalité. Mais les photos ne sont pas des fragments d’histoire, des « chemins vers la réalité », comme Granö l’a écrit en 1997. Dans ses installations, il cache ou révèle certaines parties de ses images. Nous sommes habitués à considérer qu’une photo représente la réalité, mais Granö, en analysant cette notion, montre qu’il ne s’agit que de faire apparaître les choses sous un autre jour.

Le spectateur aimerait en savoir plus, même s’il se doute que de nouveaux détails n’ajouteraient rien au récit. Granö photographie des histoires qui nous séduisent parce qu’elles se répètent, parce que nous les connaissons. Il était une fois... Encore."

Publié dans EXPOS VIDEO

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