L'Espagne et le phénomène des journaux gratuits

Publié le par LA PLUPart DU TEMPS

Dépêche AFP :

"L'Espagne est devenue en quatre ans un pays de cocagne pour les journaux gratuits, distribués à des centaines de milliers de lecteurs à l'entrée du métro, aux arrêts d'autobus et sur les grandes avenues.

Metro, 20 Minutos, le récent Qué, et Nuevo Hispano destiné à un public latino-américain, sont successivement apparus depuis l'année 2000 et tirent conjointement à plus de trois millions d'exemplaires quotidiens.

Dans le même temps, la diffusion de la presse payante n'a baissé que de 2%, soit beaucoup moins que dans la plupart des pays européens.

"Les gratuits font surgir un nouveau lectorat", assure Tom Burns, directeur de la communication du groupe Recoletos, qui a lancé en janvier Qué, le dernier-né du secteur, qui tire à un million d'exemplaires par jour.

L'un des premiers venus, 20 Minutos, lancé en 2000 à Madrid et Barcelone, à atteint sa vitesse de croisière: sa distribution atteint 800.000 exemplaires et s'est étendue à Séville, Saragosse, Valence, Alicante et Malaga.

Jeunes, universitaires, employés, femmes, la classe moyenne active en général, forment le lectorat-cible de ces quotidiens de format tabloïde et aux couleurs vives.

"Un journal gratuit de qualité, c'est beaucoup de couleur et d'information pratique", résume M. Burns, dont le groupe édite les quotidiens sportifs Marca et économique Expansion, et plusieurs magazines payants.

Le groupe Recoletos s'est aussi lancé en 2004 à la conquête du lectorat "latino" des Etats-Unis en lançant au Texas le journal gratuit
Rumbo.

"En Espagne, l'indice de lecture des journaux est très bas. Historiquement, on peut dire au fond que ce pays est passé directement d'un analphabétisme élevé jusque dans les années 1950 à la télévision", estime M. Burns.

Faible culture de lecture de la presse et nouveau type de lecteurs sont les clés de la réussite des gratuits en Espagne, selon le responsable du groupe Recoletos.

"Les jeunes achètent difficilement un journal. Mais s'il est gratuit, il le prennent et le lisent", commente-t-il. Le succès de Qué, "épuisé en deux heures" après le début de sa distribution à 6H30 du matin, a été immédiat.

Qué est distribué dans 12 villes espagnoles: les mêmes que 20 Minutos, son rival direct, plus Bilbao, la Corogne, Gijon, Oviedo, Vigo, Malaga et Majorque.

Tous ces gratuits se financent par la publicité, comptent jusqu'à 32 pages ciblant en priorité l'information locale. On doit pouvoir les lire tout en scrutant du coin de l'oeil la coupe de cheveux de son voisin de métro.

Ils se distinguent par de subtiles variations de ligne éditoriale et la place plus ou moins grande accordée aux photos ou à l'infographie.

Quand 20 Minutes jouait le 20 janvier sur les titres Bush se couronne et Les évêques avancent et reculent sur le préservatif, le n°2 de Qué proclamait en une : "Les jeunes Espagnols sont les plus heureux d'Europe".

Parmi ces publications généralistes, le Nuevo Hispano, au tirage beaucoup plus modeste de 10.000 exemplaires, chasse un lectorat latino-américain en pleine expansion en Espagne ces dernières années.

Lancé en 2002 dans la seule région de Valence (est), le journal prévoit d'élargir bientôt sa diffusion à Madrid, puis à Barcelone.

"Notre objectif", explique son chef éditeur Alexander Diaz, "est de resserrer les liens de fraternité entre ressortissants des différents pays sud-américains et de les rapprocher de la communauté espagnole et du reste de l'Europe"."

Publié dans BREVES

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