Appropriation de Lieu et Machineries Poétiques : Lucie Chaumont, Nicolas Darrot et Sarah Roshem à la Galerie Eva Hober

Publié le par LA PLUPart DU TEMPS

Au détail de Lucie Chaumont : vernissage en entrée libre de 18h à 21h à la Galerie Eva Hober, 16 rue Saint-Claude, Paris 3. L'exposition est ensuite visible jusqu'au 14 mai, du mardi au samedi de 14h à 19h.

Présentation de l'exposition par la galerie :

"Lucie Chaumont pense ses expositions en fonction des lieux où elles se déroulent. Mais au-delà du seul cadre géographique, c’est plus profondément au contexte historique et social de l’environnement dans lequel il s’élabore, qu’elle rattache son travail. Au fond, rien de plus naturel dans cette démarche, qui renvoie de façon métaphorique à la responsabilité politique de l’artiste de questionner la société dans laquelle il vit.

Jusqu’à ce que Eva Hober les transforme en y installant sa galerie, les locaux que s’approprie temporairement Lucie Chaumont pour y présenter son travail abritaient une petite boutique de quartier. Le lieu a conservé certaines traces de son ancienne activité, la plus manifeste étant la grande vitrine qui s’ouvre sur la rue. En jouant sur ces indices et en les détournant subrepticement, elle s’applique à brouiller la perception du visiteur et à remettre en cause sa faculté à identifier directement, péremptoirement, ce devant quoi il se trouve. Mais cette réflexion autour de l’ambiguïté, de l’interprétation plus ou moins libre donnée aux choses selon que l’on est pressé de les identifier ou au contraire disposé à laisser l’imagination en faire sa pâture, ne s’arrête pas là : la galerie est également une boutique, une boutique d’un genre particulier puisque les œuvres que l’on peut y acheter interrogent indirectement l’acte de consommer.

L’appropriation des lieux, comme des objets, s’exerce à travers la modification de leur forme et de leur nature par une très subtile et discrète intervention, de sorte qu’en perdant leur fonction pratique et univoque, il leur est donné d’exprimer des choses auxquelles on ne les aurait à première vue jamais associés. Plus précisément, la galerie s’est métamorphosée en une sorte de quincaillerie-musée où sont présentés et vendus des objets qui, concrètement, ne servent à rien, n’ont d’autre usage que de produire une réflexion poétique sur ce qui nous entoure de plus banal, de plus quotidien. Un tréteau impossible à replier, des souches de sac plastique rigides, des articles de bricolage débiles, des modes d’emploi qui font s’arracher les cheveux et un économe, objet tutélaire de l’exposition, qu’un artisan distrait a fabriqué à l’envers - le manche en métal et la lame en bois -, sont certaines des pièces réunies ici en une démarche de classification absurde. L’ensemble fait penser à un cabinet des curiosités constitué d’ustensiles triviaux, que l’anormalité rend monstrueux. Rendus inutilisables dans leur mode habituel de fonctionnement, ces objets prennent un aspect inquiétant : les voilà parfaitement rétifs, impossible de les assujettir à notre volonté, mais cette résistance devrait inspirer notre comportement à l’égard de la réalité. C’est au tour de notre regard de résister aux classifications systématiques, de se laisser gagner par l’ambiguïté et l’incertitude en imaginant une multitude de possibilités à l’utilisation d’une chose apparemment commune."


Installation de Lucie Chaumont. Copyright: Lucie Chaumont. Courtesy: Galerie Eva Hober.



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Deux nouveaux artistes dans l'espace collectif (niveau -1) de la galerie : Nicolas Darrot et Sarah Roshem

"Comme un écho au désordre fomenté par Lucie Chaumont, un léger bouleversement intervient dans l’organisation de l’exposition collective du niveau -1 puisque deux nouveaux artistes y présentent leurs oeuvres. Sarah Roshem, réplique contemporaine d’un docteur Frankenstein devenu artiste, dévoile certaines des expériences anatomiques menées dans son laboratoire. Quant à Nicolas Darrot, ce sont quelques parcelles d’un univers qui s’inspire à la fois de Raymond Roussel et de Star Wars que l’on peut découvrir dans les profondeurs de la galerie : machines poétiques, massacre escamoté (une tête de biche empaillée abritant C3-PO), hologrammes et autres machinerie de science fiction."

Publié dans EXPOS AUTRES

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